Heuliez, carrossier et constructeur: un siècle d’histoire
[Cher lecteur, la traduction française de cette critique se trouve en bas de la page.]
(French) You must have heard of Kellner, Binder, Labourdette, Chapron, Saoutchik etc. but did you know that the most important French coachbuilder of all times in terms of production is Heuliez? They started out in the horse-drawn era as a small team of coach and harness makers at the end of the 19th century and grew to 3,000 employees at the end of the 1990s!
The author was part of their design team from 1971 to 1984 and therefore you can take this book seriously. Not only was it written from the inside of the firm but it is so lavishly illustrated that anyone with the smallest interest in cars and commercial vehicles will find it fascinating.
I’ve always been more interested in coachbuilt than in mass-produced passenger cars—and not only if they are beautiful, prestigious, or expensive but simply because they’re more exclusive. I confess I had a prejudice against Heuliez because I thought they were more into commercial vehicles like trucks and vans than passenger cars but after reading this book I have come to see how wrong I was! In fact, I have become a great fan, thanks to Yves Dubernard’s excellent work among the archives and factory photographic records.
Heuliez still produce “special” bodies on standard monocoque structures: coupés, dropheads, estates, concept cars etc. all keep rolling out of their production lines today just as ever before. Even the Sultan of Brunei, the epitome of the modern-day patron of cost-be-damned custom coachwork, commissioned special Bentley coupés and convertibles from Heuliez in 1999.
The book follows a chronological line, and after a short chapter covering the first 50 years of the 20th century, each chapter describes every decade since 1950 up to 2010. If there isn’t much to say about the early days of the firm it is simply because Heuliez was a very small company and even though they made coachbuilt bodies as early as the 1920s, it was always in insignificant numbers. But after the war, commercial vehicles were very much in demand, especially trucks, buses, and coaches. Heuliez was also responsible for a large number of publicity/promotional vehicles that roamed the roads of France and were present at all major events, including cycle races like the Tour de France. Design was very much influenced by American styling and production was mainly turned towards commercial vehicles.
In the 1960s, Heuliez started offering special coachwork on cars, especially Citroën and Simca, as well as luxurious horse boxes and vans. The luxury car market was tackled in the 1970s: Porsche, Citroën SM, Renault Alpine and a number of wedge-shaped cars were revisited. It is also at that time that stretched limousines, hearses, ambulances were made on Peugeot 604 and Citroën CX sedans. From 1974, the firm was managed by Henri Heuliez’s son-in-law and a new design office was built to develop the works capacities. From then on, Heuliez became a “big” coachmaker and they started creating their own designs and not only improving on existing coachwork. The countless illustrations shown here speak for themselves, showing Heuliez was present on every front from mundane city cars to anti-riot police vans, not to mention competition cars and commercial vehicles.
This trend was carried on into the 1980s and 1990s, and concurrently fantastic concept cars were produced which unfortunately never materialized: the Mamba GT1 and GT2 are a real treat to the eye and compare favorably with Italy’s best designs, and the Pregunta made in the late 1990s is in the same league as the Pagani Zonda or the Koenigsegg, at least visually. All these dream cars were produced alongside the modest Peugeot 206CC—and this is exactly the philosophy of Heuliez who thought that all objects deserve the best design regardless of their technical or commercial values. There was something of Philippe Starck in Yves Dubernard or was it the other way round?
Heuliez was recently hit by the economic crisis and its future is not clear. Therefore, this book couldn’t be released at a better time. Should it close down, at least this excellent book will remain as a testimony and a faithful record of their heyday. Hopefully the book will contribute to the promotion of the name and may modestly help Heuliez overcome their difficulties.
Don’t be put off by the French text; the 525 photos of very rare cars and commercial vehicles make it worth it. The layout is very pleasant and there is an Index at the end. The size and quality of the illustrations are also excellent, only the font size is slightly too small for my tired old eyes!
If you are ready to be amazed, this book is for you and for my part I will grab the first opportunity to visit their works.
Copyright 2012, André Blaize (speedreaders.info).
Heuliez, carrossier et constructeur: un siècle d’histoire
by Yves Dubernard
ETAI (January 25, 2012)
192 pages, 525 photos, hardcover
List Price: €46
ISBN-13: 978-2-7268-9577-1
[… et en français:]
Heuliez, carrossier et constructeur : un siècle d’histoire
par Yves Dubernard
Vous avez bien sûr entendu parler de Kellner, Binder, Labourdette, Chapron, Saoutchik etc. mais saviez-vous que le carrossier français le plus important de tous les temps en termes de production s’appelle Heuliez ?
Heuliez a commencé comme artisan à l’époque des voitures à cheval au début du 19ème siècle, en tant que fabriquant de calèches et harnais avec quelques compagnons, et ce jusqu’à compter 3000 ouvriers à la fin des années 1990 !
Yves Dubernard fut à la tête du bureau de design de 1971 à 1984, vous pouvez donc prendre ce livre très au sérieux : non seulement il a été écrit de l’intérieur de l’entreprise, mais il est si superbement illustré que quiconque ayant le plus petit intérêt dans les voitures et véhicules commerciaux de l’après-guerre le trouvera fascinant.
J’ai toujours eu une préférence pour les voitures « de carrossier », plutôt que pour les productions industrielles – qu’elles soient belles, prestigieuses ou chères – simplement parce qu’elles sont plus « exclusives ». Mais j’avoue que j’avais un préjugé contre Heuliez parce que je croyais qu’ils ne s’occupaient que de camions et d’autobus. Comme je me trompais ! Et après la lecture de ce livre je suis même devenu un fan, grâce à l’excellent travail d’historien mené par Yves Dubernard au milieu des archives photographiques de l’usine.
Heuliez continue de fabriquer des carrosseries spéciales sur des structures monocoques standard : coupés, cabriolets, breaks, concept cars etc. sortent encore des lignes de production, comme au bon vieux temps. Même le Sultan de Brunei a commandé plusieurs limousines Rolls-Royce et Bentley coupés et cabriolets chez Heuliez entre 1995 et 1999…
Le livre suit une ligne chronologique, et après un court chapitre couvrant les 50 premières années du XX siècle, chaque chapitre traite d’une décennie de 1950 à 2010.
S’il y a peu à dire sur les premiers pas de l’entreprise, c’est simplement parce qu’il s’agissait d’une toute petite compagnie, et même s’ils ont commencé à carrosser des voitures dans les années 1920, c’était toujours dans des quantités insignifiantes. Mais après la guerre, les véhicules commerciaux furent très demandés, en particulier des camions spécialisés, des autobus et des cars. Heuliez réalisa aussi un grand nombre de véhicules publicitaires et promotionnels qui parcourraient les routes de France et qui étaient présents lors de toutes les manifestations importantes, comme par exemple le Tour de France cycliste. Le design des véhicules commerciaux était très influencé par les stylistes américains car à cette époque là, le peuple français découvrait la culture d’outre Atlantique.
Dans les années 1960, Heuliez commenca à offrir des carrosseries spéciales, spécialement sur bases Citroën et Simca, ainsi que des vans de luxe pour les chevaux.
Le marché de l’automobile de luxe fut visité dans les années 1970 : Porsche, Citroën SM, Renault Alpine et un certain nombre de carrosseries « en coin » furent repensées. C’est aussi à cette époque que l’usine fabriqua des limousines et ambulances rallongées sur bases Peugeot 604 et Citroën CX. A partir de 1974, l’entreprise fut dirigée par le gendre d’Henri Heuliez et un nouveau bureau de design fut construit pour augmenter les capacités de production de l’usine. A partir de ce moment là, Heuliez devint un « grand » carrossier et il commença à créer ses propres designs au lieu de simplement modifier ou améliorer ce qui existait déjà. Les innombrables illustrations du livre parlent d’elles-mêmes, Heuliez était présent sur tous les fronts, depuis la petite citadine jusqu’aux camions de police anti-émeute, sans oublier les voitures de compétition et les utilitaires.
Cette tendance se prolongea dans les années 1980 et 1990, et dans le même temps, des concept cars fantastiques furent produits, mais malheureusement jamais fabriqués en série – les Mamba GT1 et GT2 sont un régal pour l’œil et elles rivalisent avec les meilleures productions italiennes. La Pregunta fabriquée à la fin des années 1990 est dans la même lignée que la Pagani Zonda ou la Koenigsegg, du moins visuellement. Toutes ces voitures de rêve étaient produites en parallèle avec la modeste Peugeot 206CC… c’était la philosophie d’Heuliez qui pensait que chaque objet mérite le meilleur designer quelle que soit sa valeur commerciale ou technologique. Il y avait quelque chose de Philippe Starck en Yves Dubernard ou était-ce le contraire ?
Heuliez vient d’être frappé de plein fouet par la crise économique et son avenir est toujours incertain. Ce livre paraît donc à un moment à la fois idéal pour témoigner, mais aussi funeste puisque l’usine risque de fermer. Espérons qu’il contribuera à promouvoir le nom et peut-être aidera à sa manière Heuliez dans ces moments difficiles.
La mise en page du livre est très agréable et aérée et il y a un index à la fin. La taille et la qualité des illustrations est également excellente, seule la taille des caractères est un peu trop petite pour mon …âge !
Si vous êtes prêt à être étonné, ce livre est fait pour vous, et pour ma part, je saisirai la première occasion qui se présentera de visiter leurs ateliers.
Copyright 2012, André Blaize (speedreaders.info)